Pont Audemer
Son rapprochement avec la ville de Pont-Audemer n’est pas explicable, car dans ce chef lieu de canton de l’Eure, peu de sujets y sont représentés. Par contre, on peut affirmer que cet épagneul est un pur produit régional issu d’un croisement d’un chien d’eau avec un épagneul très répandu à l’époque dans le pays de Caux.
D’après les écrits de Mr De Conninck, son origine remonterait au maximum à un siècle et demi. Cet utilisateur de cet épagneul du haut normand, affirme dans ses ouvrages que l’origine proviendrait d’un croisement d’un veil épagneul d’eau anglais ( Old english water spaniel ) et d’un épagneul de pays autrefois très répandu en Normandie. En marge de cette affirmation, deux autres éleveurs normands, Mrs MEGNIN et BEUZEBOC opinent pour l’Irish Water plutôt que l’English Water Spaniel, opinion que je tends à partager vu l’aspect extérieur de ce chien. Voilà donc un chien d’arrêt dont la lignée paternelle ancestrale est composée de chiens qui n’arrêtent pas. C’est peut être pour cela que l’on a quelquefois reproché à l’Epagneul de Pont – Audemer d’avoir l’arrêt capricieux. Ce reproche pourrait être fondé en plaine mais il ne faut pas généraliser.
Le Pont – Audemer, très désigné pour le marais à canards, n’est pas un bécassinier comparables à d’autres races spécialisées. On sait par contre ses qualités au couvert et on se souvient que jadis, la forêt de Lyons fut dépeuplée par des braconniers accompagnés de Pont-Audemer. Le Pont-Audemer est un merveilleux chien d’eau : il arrête , il rapporte, il est souple et pas encombrant. Il chasse aussi au bois et au besoin en plaine. Est-il beau ou laid ? Il est chien de marais, c’est à dire bâti et vêtu pour son travail, il a conservé les qualités naturelles du chien d’arrêt. N’est-ce- pas la véritable beauté à rechercher chez un auxiliaire utile ? la beauté étant purement conventionnelle, il a au moins le mérite de l’originalité.
Le Pont-Audemer se présente sous l’aspect d’un chien trapu, vigoureux, près de terre et avec une tête légère. Le chanfrein est long, cette qualité est à rechercher pour les chiens de chasse d’après l’opinion de M. Beuzeboc, l’homme qui connaissait le mieux cette race, qui élevait et utilisait ces chiens pour les besoins de ces chasses. Ce chanfrein se termine en avant, par un nez plutôt pointu, légèrement busqué en son milieu, il se relie au crâne en pente douce avec absence de stop. La face est rase , le crâne surmonté d’un toupet lui conférant le surnom de petit clown des marais. L’œil est petit et souvent assez clair, les oreilles abondantes couvertes de poils frisées. Toutes ces descriptions nous rappelle l’Irish spaniel, le cou est légèrement arqué, le dessus quelque peu convexe, le rein court, large et puissant, la croupe très oblique, la queue attachée haut, écourtée et couverte de poils frisées. De taille variant de 50 cm à 58 cm, ses membres sont forts et sa couleur de poils est marron et gris mouchetée.
Sa présence était forte en Seine inférieure et dans l’Eure, ce chien a été utilisé pour ses qualités aquatiques par les chasseurs normands dans les marais de Vernier situés entre Le Havre et Pont-Audemer. Malheureusement, cette race à faible effectif n’a jamais pu se sortir de la menace de disparition. Pourtant , en 1881 la société canine havraise appuyée par Mr De Conninck entreprit une sélection en associant une chienne venant du jardin d’acclimatation et un mâle ayant lui même trois ascendants définis. Les résultats furent satisfaisants, mais les deux guerres anéantirent le renouveau par une production non sélective qui déclencha une consanguinité fort préjudiciable à l’élevage. En 1949, Mr Gréaume, Président en exercice du club , acquit un chien d’eau anglais, chien à l’allure mi épagneul mi caniche pour rénover la race par l’apport de sang nouveau. Les résultats furent encourageants, les amateurs nombreux, on enregistra un certain nombre de naissances et les chiens des Hospores, du Val Pagny, du Beau Regardet des Pléistères glanèrent des lauriers en expositions régionales. Mais, est ce le manque de géniteurs ou le désintéressement de certains amateurs ? Toujours est-il que le cheptel diminua encore une fois . En raison du nombre de naissances insuffisant, le club fut rattaché au club de l’épagneul picard en 1980 sous recommandations de la SCC.
Qualité de chasse du "Pont-Audemer"
- Un chien rustique qui n'a pas peur d'affronter les climats les plus rudes;
- Une quête croisée naturellement et sous le fusil, sans ces rappels à l'ordre incessants qui fâchent souvent leur maître,
- Une bonne finesse de nez et un bon arrêt.
- Un rapport inné, même en eau profonde et par tout temps.
En un mot, un chien facile à éduquer.
Bien qu'il ne dédaigne pas la plaine,vous apprécierez surtout ses talents sur les terrains boisés dans les fourrés et broussailles les plus épais chassant indifféremment la belle mordorée ou le capucin. Il ne négligera pas pour autant les lapins ou faisans qu'il saura éventer délicatement. Mais ce qu'il affectionne avant tout, ce sont les zones humides, les marécages, les plans d'eau où il mettra facilement à l'arrêt ces petites bécassines puis il vous servira de retriever pour vous ramener en pleine nuit un bec plat tombé au milieu de la mare.
Au quotidien, ce sera surtout un docile compagnon appelé par affection "le petit clown des marais", qui aime tout particulièrement jouer avec les enfants et les accompagner le long des sentiers battus.
Et puis, c'est aussi un chien sympathique que vous aimerez à faire admirer à tout votre entourage.